auteur : denis deprez 
Tagebau Garzweiler




Le projet Tagebau Garzweiler est le récit d’une industrie qui façonne le monde à son image. Pour produire, il faut détruire. La destruction du vieux village d’Immerath s’ajoute aux douze autres bourgades rasées pour installer le site d’extraction du charbon brun, le lignite. Neu-Immerath accueille les habitants déplacés du village détruit d’Immerath. La centrale dernier cri de Niederaussem écrase une petite cité qui présente le plus haut taux de particules par million de CO2 en Europe. 
Durant 5 années, soit une vingtaine d’aller-retour entre Bruxelles et la mine, Denis Deprez collecte des relevés vidéographiques autour de la mine et de sa région. De l’accumulation des sons et des images nait un film co-produit par les ateliers de production Graphoui.
fig.1 décrire la carte
fig.2 décrire la carte




C’est en 2015 que ma recherche artistique s’est concentrée autour de la mine à ciel ouvert de Tagebau Garzweiler située en Allemagne, entre Aachen et Dusseldorf. Durant 5 années, j’ai effectué une vingtaine d’aller-retour entre Bruxelles et Tagebau Garzweiler. Un protocole minimaliste a été établi pour collecter les sons et les images vidéo : se rendre seul sur le terrain muni d’un matériel léger, un appareil photographique réflex 24X36 couplé à un micro de type Zoom H6. J’ai filmé les structures urbaines et industrielles, parfois habitées ou traversées par des humains. Le son est celui de la prise de vue, le point d’écoute est souvent identique au point de vue. La durée des prises de vue et de son varient entre 1 minute 30 et 5 minutes. Les images filmées sont des plans fixes ou des panoramiques. 
La mine est le point de départ des prises de vue et de son. La zone d’extraction est définie comme épicentre d’un système d’ondes de destructions/constructions. En suivant ces ondes, je filme Immerath un village en destruction (qui se trouve sur la zone d’extension de l’extraction minière), Neu-Immerath ( un nouveau quartier construit et accolé à une petite ville qui accueille les habitants déplacés, c’est-à-dire celles et ceux qui ont perdu leur maison dans le village détruit) et enfin la centrale thermique de Niederaussem alimentée par le lignite extrait de la mine de Tagebau Garzweiler. 
Ces 5 années de terrain, d’accumulation de plans vidéos et de sons ont conduit à la réalisation d’un moyen-métrage de 20 minutes co-produit par les ateliers de production Graphoui. Deux séries de dessins, l’une sur papier l’autre sur calque, complètent le film. Une publication papier et une exposition rassembleront l’ensemble des archives, film, livres lus, dessins et textes produits autour du projet Tagebau Garzweiler.

La mine à ciel ouvert de Tagebau Garzweiler doit mettre fin à l’extraction entre 2035 et 2045. Un projet de lac et de station balnéaire recouvriront la zone d’extraction, un plan est à l’étude dans un bureau d’urbanisme. 

Le site minier contient une sorte de feuilleté spatio-temporel : l’image du trou béant de la mine de 48km2 nous renvoie au temps passé des villages détruits pour installer le site d’extraction. Le temps présent est celui de l’extraction du lignite pour alimenter en ressource énergétique les centrales environnantes. Le lac dont les travaux d’achèvements complets sont annoncés pour 2100 est l’image d’un futur spéculatif.


Pour lier cela à une réflexion en provenance de la critique de l’économie politique, l’image d’un futur du paysage (station balnéaire, environnement bucolique) recouvre l’image du présent (et du passé), paysage de destruction, comme le capital fictif recouvre le capital réel. 
Pour le dire autrement la logique de l’industrie nous vend une image d’un futur idyllique toujours projeté plus loin, tant à travers l’image d’un monde et d’une nature apaisée (grâce au progrès et à l’industrie puisque le site sera plus naturel qu’auparavant) que celui d’un capital fictif et de ses bulles financières en cascades qui s’éloignent toujours plus d’une production réelle de valeur. Précisons qu’il n’y a pas là un choix à faire entre un bon capital issus de l’industrie réelle et un mauvais capital branché à l’industrie financière. Le capital, le travail et la valeur produite matérialisée dans la marchandise sont les ressorts qui dessinent un environnement social et urbain à son image.Des paysages marqués au fer rouge de la logique marchande où le vivant est laissé pour mort, le concret dissout au principe de l’abstrait. Logique où l’abstrait, la valeur produite par le temps de travail moyen socialement nécessaire, éreinte le concret. L’extractivisme, subi plus que choisi, reste branché à la nécessité absolue de la machine capitaliste de maintenir les moyens techniques de sa reproduction. Les nombreux villages détruits pour laisser place à l’extraction du lignite, ressource fossile plus polluante que le charbon, sont l’expression même du rapport social inscrit dans l'industrialisme.
Une dernière chose qui n’est pas négligeable, sur le plan géopolitique, l’extraction du lignite a donné une certaine indépendance énergétique à l’Allemagne depuis le début du XXème siècle. Par contre, le lignite n’est pas une ressource exportable car son rapport calorimétrique est trop faible. C’est d’ailleurs ce qui explique la proximité des centrales thermiques à moins de 10 km de la mine. Plus la distance entre le lieu d’extraction du lignite et son utilisation est grande et plus faible est son rendement. Cela provient du taux important en eau que contient le lignite, ainsi que d’autres impuretés.


vue google earth - mine de Garzweiler

relevé sur calque à partir d’un vidéogramme
La société gestionnaire de la mine de Garzweiler a construit un site pour accueillir les badauds et les touristes. Un parking se prolonge par un petit sentier piétonnier qui conduit à une passerelle.
relevé sur calque à partir d’un vidéogramme
relevé sur calque à partir d’un vidéogramme
La passerelle offre, aux yeux des curieux·ses, le spectacle d’une ingénièrie de l’extraction du lignite.
relevé sur calque à partir d’un vidéogramme
relevé sur calque à partir d’un vidéogramme
Des excavatrices,  machines de plus de deux cent mètres de long sur cent mètres de haut, avalent le territoire, village après village.
relevé sur calque à partir d’un vidéogramme


TAGEBAU GARZWEILER / Relevés
Denis Deprez 
Publié par Koalath et Alt éditions - Bruxelles 02/2021 
Livre 23 x 32 cm - texte / images  - 88 pages Prix : 28 €

La publication Tagebau Garzweiler prolonge le film éponyme co-produit par Graphoui. Les relevés sur calques mettent en évidence la séparation entre le bâti d’une région régit par la logique de l’extractivisme. Chaque image se dédouble dans le doispositif suivant : un calque révèle les structures du bâti et l’autre le sol et la place laissée au monde végétal.

TAGEBAU GARZWEILER, vidéo (version française),19'40", 2020 
english version
Réalisation, Image et Prise de son : Denis Deprez
Accompagnement : Jacques faton
Montage : Sébastien Demeffe, Denis Deprez
Montage son et création sonore : Cyril Mossé
Productrice : Ellen Meiresonne
Production : Denis Deprez
En co-production avec Atelier Graphoui
 
excavatrice - mine à ciel ouvert de Garzweiler - extraction de lignite
excavatrice - mine à ciel ouvert de Garzweiler - extraction de lignite
excavatrice - mine à ciel ouvert de Garzweiler - extraction de lignite
village en phase de destruction - Immerath se trouve sur la zone d’extension de la mine de Garzweiler 
village en phase de destruction - Immerath se trouve sur la zone d’extension de la mine de Garzweiler 


centrale de Immersdorf
centrale de Neurath
centrale de Neurath
centrale de Neurath
centrale de Niederaussem
centrale de Niederaussem
village en destruction aux abords de la mine de Garzweiler - Immerath-09janvier 19-14h20
village en destruction aux abords de la mine de Garzweiler - Immerath-09janvier 19-14h32
village en destruction aux abords de la mine de Garzweiler - Immerath-09janvier 19-14h47.
Neu Immerath - nouveaux quartiers pour loger les habitants déplacés de Immerath - mardi 25 décembre 18-15h14
Neu Immerath - nouveaux quartiers pour loger les habitants déplacés de Immerath - mercredi 12 décembre 18 - 15h40
Neu Immerath - nouveaux quartiers pour loger les habitants déplacés de Immerath - mercredi 12 décembre 18 - 16h01
mine de Garzweiler - 06-06-2018


Allemagne - Centrale thermique De Neurath - 51°02'01''N - 6°36'34''E



Allemagne - Centrale Thermique De Neurath alimentée par le lignite extrait de la mine de Garzweiler - 51°01'58''N - 6°36'31''E


Allemagne - Site de la Centrale De Neurath - 51°01'59''N6°36'30''E


Allemagne - Site de la Centrale Thermique De Neurath - 51°02'04''N - 6°36'37''E
Allemagne - Site de la Centrale Thermique De Neurath - 51°02'04''N-6°36'38''E




Allemagne -  Site de la Centrale Thermique De Neurath - 51°01'59''N - 6°36'30''E


Allemagne - destruction du village de Immerath, extension de la mine de Garzweiler - les habitants sont déplacés à Neu-Immerath - ville nouvelle -51°03'05''N6°26'07''E
Allemagne - destruction du village de Immerath, extension de la mine de Garzweiler - 51°03'05''N6°26'16''E

affiche narrative - Plan de travail N°2 - tirage sur papier plan d’architecte - 90X53 cm
Un bureau d’urbanisme allemand dessine la reconversion du site d’extraction de Garzweiler. Il est prévu de transformer le site en lac,  on prévoit la construction d’une station balnéaire pour les sports nautiques. Un aéroport accueillera les touristes. L’image ci-dessus est une projection pour un avenir possible de la région qui entoure la mine dse Garzweiler.

Il est à noter que ce plan d’urbanisme date de quelques années. Aujourd’hui, la course pour le développement des technologies de l’IA et les nouvelles configurations géopolitiques (guerre en Ukraine, protectionisme américain façon Trump, rupture du filon russe pour le gaz, etc.)  relancent les énergies fossiles. Tout ce qui pourra fournir l’énergie nécessaire pour tenir les enjeux de ce nouveau visage du capitalisme va et sera être activé.  Dans la course à l’innovation pour  être les premiers à détenir LA nouvelle technologie qui permettra de dégager la précieuse plus value, on peut supposer dans cette nouvelle perspective que la mine à ciel ouvert de Garzweiler a de beaux jours devant elle. 





extrait d’un entretien qui a eu lieu à Lathuy le 5 août 2020. Catherine Bernad, Anne De Pierpont et Jacques Faton ont conversé avec Denis Deprez à partir de son projet Tagebau Garzweiler. La retranscription commence à la minute 37 de la conversation.
Par convention :

-Catherine Bernad = CB

-Anne De Pierpont = ADP

-Jacques Faton = JF

-Denis Deprez = DD
































minute 37 de la conversation :

DD : […] là, on est dans l’urbanisme qui géométrise et standardise l’espace. La population est passée d’un espace vernaculaire, travaillé par l’histoire, à un espace standardisé imposé par les pouvoirs locaux et la RWE, par la logique de l’économie capitaliste pour le dire explicitement.


ADP : Cela serait intéressant de voir les différents « Neu », les différents villages nouveaux, est-ce qu’il y a les mêmes types de maisons partout et est-ce qu’ils ont payé une seule fois l’architecte. Ensuite, ils disposent un peu différemment les villages dans l’espace pour faire des économies?


DD : C’est vrai qu’il faudrait aller voir et faire le tour de tout les « Neu ». Neu-Garzweiler notamment ressemble très fort à l’architecture de Neu-Immerath.


ADP : Est-ce qu’ils ont placé les choses, l’église, l’épicerie, etc. en fonction de l’ancien village pour que les gens retrouvent une géométrie familière?


DD : En fait, les « Neu » ne sont plus des villages. Ils ont été accolé à des communes qui préexistent. Cela devient des zones résidentielles péri-urbaines. Administrativement, ils ne sont plus des villages.


CB : Cela serait intéressant de voir les plans d’urbanisme.


DD : Ceux qui étaient propriétaires retrouvaient de fait une maison et ceux qui étaient locataires étaient fragilisés.


CB : J’ai une question, cette chaîne d’immeuble à 4 étages, qui habite-là? Est-ce que ceux qui avaient des petites maisons se retrouvent dans un habitat collectif? Dans l’ancien Immerath, il n’y avait pas d’habitat collectif?


DD: Non, en effet c’était un village de maisons unifamiliales. 


JF : Il y a eu une différence de traitement entre les gens qui étaient propriétaires et les locataires.


CB : C’est ça qui serait intéressant de savoir.


ADP : En même temps, c’est tout-à-fait une autre question, c’est le même lieu mais c’est une autre question car il y a un côté « dialogue » et « vécu des gens ».


JF : C’est une discussion qui est présente dans ce projet (à Denis) : tu ne parles pas allemand, tu poses un regard extérieur qui part d’une image. Tel que je l’ai compris, c’est de voir ce paysage de la mine à ciel ouvert et l’observation progressive de ce lieu et le fait que c’est un site qui est détruit au profit du capital, d’une usine qui transforme le lignite à 10 km de là. C’est toute une question de l’utilisation d’un territoire à des fins économiques au point de détruire la vie sociale et environnementale. Pour moi, c’est un constat. 

C’était une des questions que je posais : où tu situes ton engagement, c’est à la fois politique, à la fois c’est pas un engagement au sens où tu n’as pas été faire une manif’, tu es resté un observateur, quelqu’un qui avec des outils artistiques pose un regard socio-anthropo-politico-etc. Je trouve que c’est important de situer ce travail dans des objectifs avec la contrainte de départ qui est que tu ne connais pas la langue.

Tu n’es pas parti d’un sujet, tu es parti d’une image. On pourrait montrer une image et dire tiens, regardez là au fond, il y a un village. On pourrait tout dire en lisant une seule image. Même en parlant de Neu Immerath qui est là et on devine que, etc. Pour moi, ça c’est le travail. 

C’est pour cela que c’est intéressant de revenir au dessin après être passé par la vidéo et de passer par la publication après le film. C’est un chemin qui nous ramène au point de départ qui est une image et qui à mon sens tel que je le comprend est une peinture.

Au départ tu étais impliqué dans la peinture de grands formats et cela aurait pu conduire à une autre histoire qui serait restée une histoire de peinture. Finalement, tu t’es arrêté sur cette image de la mine à ciel ouvert de Garzweiler. Tu as commencé à utiliser la vidéo pour filmer, les plans se sont accumulés et ont permis une lecture de cette image de base qui est une peinture même si elle n’existe pas. Tout s’est transformé pour aboutir à un film et pour devenir un livre. L’image qui rassemble tous les calques permet de mettre en évidence toutes ces strates de nature et de bâti. Et au delà de la nature, c’est tout le vivant. Je ne sais pas ce que c’est la nature, c’est un débat compliqué, l’humain qui avec l’économie, la science impacte le monde et c’est cette tension qui se dégage à travers les deux filtres que la publication propose puisqu’on est chaque fois face à deux niveaux, celui du bâti et l’autre la végétation.

ADP : J’ai l’impression que tu ajoutes l’humain en troisième position, moi, je dirais que c’est plus la machinerie économique humaine qui détruit la nature et qui détruit « l’humanitude » qui existe là à Immerath et qui avait un équilibre bon ou pas bon, enfin, ils étaient dans un village, il y avait un équilibre humain naturel j’ai envie de dire.


JF : Maintenant pour moi, ça ce sont des questions compliquées.


ADP : Les gens sont déplacés comme ils déplacent un arbre, enfin, ils traitent les humains là dedans comme ils traitent la nature. 


JF : En tout cas c’est une question, c’est toujours plus compliqué. Je me rappelle d’une étude à Paris où on se rend compte qu’il y a deux cents ans, la pollution et l’état de la ville étaient catastrophique. Alors que maintenant, à coup de milliards et d’urbanisation d’une grande ville comme Paris, on arrive à un air beaucoup plus sain, une hygiène beaucoup plus grande. D’après ce que j’ai lu, à l’époque des Mystères de Paris, Paris était une poubelle invraisemblable. Donc là, le Capital pourrait justifier qu’il nous amène vers un monde meilleur, un monde plus sain.


ADP : Oui, oui, dans ce cas-ci, je ne vois pas beaucoup de profit humain dans le cas de Garzweiler pour les gens qui y vivent.


DD : Le profit n’est jamais pour l’humain, enfin, je veux dire le profit, il est à la machinerie. le profit qui a besoin de toujours plus de valeur pour le système, …, au delà de ce que tu dis, il y a les rouages de la machinerie qui entraînent cette nécessité constante voir exponentielle d’aller creuser pour avoir toujours plus de ressources pour entretenir l’économie. On voit bien tout ce que cela pose comme problème à ceux que l’on appelle les « décroissants ». Penser la décroissance, c’est encore de trop. La décroissance ne permet pas de sortir de la destruction de l’environnement et de la machine climatique qui s’est emballée dans des boucles de rétro-actions. On s’est arrêté deux mois (pendant le premier confinement). Pendant deux mois, il s’est passé quelque chose qu’on ne pensait pas possible, la machine économique s’est quasiment mise à l’arrêt. Ce n’était pas uniforme mais c’était un tel coup de frein qu’on a tout de suite gagné en qualité atmosphérique. Or ça a repris tout de suite, si pas de manière pire encore. On est dans une roue qui tourne plus vite parce qu’on est dans une perte de substance de la valeur. Il y a de moins en moins de travail humain et de plus en plus de machine. Donc là quelque part avec tout le capital fictif, c’est toute une ingénierie pour un futur qui n’est pas encore réalisé au niveau de la production qui permet de maintenir l’économie réelle. La production réelle ne parvient plus à dégager suffisamment de valeur pour produire de la richesse au sens capitaliste.


CB : Et d’ailleurs, l’avenir qu’ils projettent c’est-à-dire le parc d’attraction avec un aéroport va tout fait dans le même sens.


DD : Tout à fait, c’est une industrie pour une autre industrie. 

CB : Il n’y pas de remise en question des modes de production. 


JF : Du coup qu’est-ce qu’il faut faire émerger dans le texte qui accompagne la publication dans tout ce qui s’est dit là maintenant. Qu’est-ce qui devrait passer dans un tel livre? Il y a la méthode de travail, comment tu t’es situé par rapport à ce projet et par un rapide historique, premières images découvertes, puis les plans, puis le film avec toute la question du langage filmé vidéo, la durée, le son, etc. Puis cette distance progressive par rapport à un documentaire, parce que ce n’est pas un documentaire. Ça reste un travail sur l’image et une relecture de l’image. 


ADP : Il ne faut pas rentrer dans les détails de tout ça non plus.


JF : C’est justement ça la question, est-ce qu’il faut faire un rapide inventaire comme si c’était une question, comment tu as procédé pour arriver à ça.


CB : Mais c’est plus que l’histoire, c’est-à-dire que dans un projet comme celui-là, tu choisis un ensemble de formes, tu ne fais pas que un film, que des dessins et qu’une publication. Je trouve que c’est tout ça la globalité du projet. S’il y avait une exposition du projet, je vois très bien la vidéo, les dessins et le livre, tout cet ensemble, pour moi, c’est le projet. Il faut commencer par exprimer ça.


DD : C’est très intéressant Jacques ta lecture à partir de la peinture, j’ai eu une activité de peintre…


JF : Même pas de peintre, mais de créateur d’images, on en parle depuis des années, tu ne voulais jamais être peintre, c’était des images peintes.


CB : (à Jacques Faton) Comme toi, tu ne veux pas être artiste.


JF : Les mots ont une importance


DD : Ici, ce qui est intéressant, c’est cette idée de partir d’un point qui est ancré dans un certain type de rapports esthétiques avec l’histoire de l’art et après la pratique et l’expérience vont s’engager dans une relecture de cela, en multipliant les médiums pour ouvrir le champ. Quelque part, on est sorti de cette idée de la peinture pour aller vers une image qui se résout dans des dispositifs. Ce que tu dis au niveau de la nature et de l’industrie, pour être schématique, c’est un dispositif. Si on revient à la passerelle face à la mine, la passerelle nous donne une image d’un panoramique, une partie de l’histoire de la vision, la passerelle devient un instrument de visée. À partir de là, l’image se creuse.






Koalath

fr. Créé en 2015, Koalath est une association qui développe un atelier d’édition indépendante (micro-édition) et en coédition (Atelier Graphoui, Alt éditions, Vives voix…). 

Koalath est un lieu de rencontres qui offre espace et temps d’échanges avec des artistes en cours de projet. Les étapes intermédiaires du cheminement font partie de l’ensemble du processus créateur, chacune d’elles est digne d’intérêt. 

Nos pratiques artistiques se nourrissent d'autres champs d’expériences et de connaissances (anthropologie, architecture, urbanisme, géologie, psychologie...) et produisent des réassemblages à travers des pratiques transversales (photos, dessins, vidéos, écritures, installations). À travers elles, nos projets tentent de révéler les différentes strates qui composent le réel. 
Les sites en mutation, les mémoires et les archives dessinent les différentes lignes de recherches d’où émergent les projets de l’association. 

L’atelier d’édition explore différentes formes du livre d’artiste en questionnant la dynamique et l’adéquation entre le contenu et la forme (cahiers, affiches narratives, livres reliés…).

Nos publications, composées d'images et de textes, sont le résultat d'un travail sur le long terme en fonction de protocole particulier à chaque projet. Ils s’accompagnent souvent d’expositions et de productions audiovisuelles.

eng. Founded in 2015, Koalath is an association that develops an independent publishing workshop (micro-publishing) as well as co-publishing projects (with Atelier Graphoui, Alt Éditions, Vives Voix, among others).

Koalath is a meeting space that offers time and room for exchange with artists in the midst of their creative processes. The intermediate stages along the way are an integral part of the overall creative journey—each one is meaningful and worthy of attention.

Our artistic practices draw from other fields of experience and knowledge (anthropology, architecture, urban planning, geology, psychology...) and give rise to new assemblages through cross-disciplinary methods (photography, drawing, video, writing, installations). Through these approaches, our projects aim to reveal the different layers that make up reality.
Sites in transition, memories, and archives shape the various lines of research from which the association’s projects emerge.

The publishing workshop explores various forms of the artist’s book, questioning the dynamic and coherence between content and form (booklets, narrative posters, bound books, etc.).

Our publications—composed of images and texts—are the result of long-term work developed according to protocols specific to each project. They are often accompanied by exhibitions and audiovisual productions.